(famille) "Maman, chasse les fantômes de ma chambre." J'avais six ans quand c'est arrivé. Mes parents avaient l'habitude de faire des sorties, le soir, théâtre, cinéma, resto, des trucs de couple qu'un gosse de six ans n'aurait pas pu comprendre. C'est ma grand mère paternelle qui me gardait. Lors de ces soirées, on transformait la maison en jungle, la salle de bain en piscine géante, j'ai aucun mauvais souvenir. Sauf celui de ce fameux soir, évidemment. Mes parents étaient partis en voiture, pour voir une expo. Mais ils ne sont jamais revenus. Ma grand mère, étant le seul parent que j'avais, est devenue ma tutrice, c'est elle qui m'a élevé. Et même si elle n'avait pas pu remplacer totalement mon papa et ma maman, j'aurais pas pu rêver mieux.
(scolarité penchée) "
Maîtrise la bulle à la perfection" J'ai jamais aimé l'école en temps qu'élève. J'étais le crétin du fond, le bad boy, qui aimait dire des conneries et défier les profs. J'passais plus de temps à rien faire que de réviser pour un contrôle ou juste pour me mettre à la page. Un jour, ma grand mère s'est énervée. Mais vraiment, un mélange entre un dragon et un dinosaure, c'était pas beau à voir. Elle m'a d'ailleurs mis un sacré coup de pied au cul (sens littéral et figuré, aïe). Mais ça m'a fait du bien.
(orientation bidon) "
Alors Solal, tu veux faire quoi plus tard ?" Après que la conseillère d'orientation m'a expliqué que non, éleveur de dinosaure comme dans Jurassic Park c'était pas possible, et que oui, il fallait faire des études pour avoir un bon métier, j'ai décidé de devenir à mon tour prof. Je serais un bon prof, un prof aimé, un prof chiant, un prof qui serait absent au moins une fois par semaine pour faire plaisir à ses élèves. Le prof que j'aurais rêvé d'avoir, ça serait moi.
(j'aipasfaitexprès) "
En même temps, si tu t'étais bougé..." ok, je déroule la scène. 18 ans, première sortie en boîte pour l'anniv d'un pote. On avait réussi à entrer parce que le vigile était le frère du dit pote, ENFIN BREF. La musique tape dans les oreilles, les néons t'aveuglent et j'étais légèrement alcoolisé. Mais c'était légal parce que j'étais majeur et que j'avais eu l'accord de ma grand mère. Et donc, comment te dire qu'un charmant jeune homme, à peine plus âgé que moi vient comme une boule de bowling faire un strike dans le verre que je tenais à la main. C'est pas ce que j'aurais appelé un coup de foudre, mais la foudre fût là.
(paris) "T'façon, la Tour Eiffel, ça sert à rien" Paris, ah Paris. Ce magnifique studio au fond fin du treizième arrondissement. Arrondissement d'ailleurs connu pour ses restaurants chinois et l'impossibilité de se garer lors du nouvel an chinois. Mais malgré ça, j'y ai habité pendant un certain temps, jusqu'à ce que je gagne assez pour me payer un appartement digne de ce nom. Mais je n'ai jamais totalement quitté ce magnifique endroit rempli de nourriture étant donné que j'enseigne dans un collège/lycée eu treizième. Solal is back.
(mon petit cœur) "C'est pas toi, c'est moi" Rappelez vous, ce jeune homme, bousculé dans cette fameuse boite. On s'est revu après que la foudre soit passée. Et après un an, six mois, deux semaines et quatre jours de relation, il a brisé mon petit cœur. En mille morceaux. Même Lara et un pot taille xxl de menthe choco ont eu du mal à me consoler. C'est dommage, il était beau, intelligent, bon au lit, han, mon cœur se serre rien que d'y penser. Le premier vrai amour de ma vie.
(pro du karaoké et film niais) "Will always love yooooooou" C'est toute ma vie le karaoké. Je peux tout changer, Dirty Dancing, du Disney, de la country, tout de chez tout. Puis, j'peux aussi regarder pleins de films. Trop de films, j'ai l'impression de passer mon temps au cinéma. Rien que samedi dernier, je suis allé voir Seven Sisters. Et la semaine prochaine, j'irais sûrement voir Blade Runner. Parce que Ryan Gosling. Pardon. Je ne suis qu'un homme influençable.
(the bad teacher) "Vous avez intérêt à bosser sinon vous finirez comme moi." Quand tu m'as comme prof, au temps te tenir à carreaux. Pour le théâtre je dis pas. Tu laisses ton talent s'exprimer, tu dramatises un peu tout et le plus souvent, je suis au bord des larmes car des élèves s'imaginent déjà devenir la prochaine Jennifer Lawrence (qui ne sait pas pleurer. déso, pas déso). Mais en classe. Je déconne, parce que le français sans déconnade, c'est trop chiant, je suis le premier à le reconnaître. Je fais des blagues pourries, je plaisante avec mes élèves et il m'arrive même de leur faire étudier du Soprano en classe mais je connais aussi l'attitude des élèves. Et croyez moi, c'est pas bon quand vous m'avez sur votre dos.
(se faire assommer par une étoile) "D'habitude, je suis pas comme ça." Une fois, je rentrais des courses, un dimanche. Ce genre de dimanche ou lorsque tu fais tes courses, c'est en portant un vieux jogging trop grand, un haut d'un autre temps et où prendre une douche serait une option mais finalement non, parce que flemme. Et c'est alors, entre le rayon papier toilette et œufs que je l'ai vu. Ce genre de personne qui fait flancher tes genoux parce que whoa. Et il fallait en même temps que je me fasse remarquer mais pas trop non plus parce que j'étais pas dans mon état le plus favorable. Comme un crétin, j'ai rien fait. Parce que pour la première fois, j'avais la trouille de me faire remarquer.
(il était une fois) "Non, je ne ferais pas un gosse pour te faire plaisir" Ma grand mère. Femme fière et forte qui pourrait écrire un livre pour chaque année de sa vie. Et en 78 ans, elle a eu le temps de faire le tour du monde deux fois, de mettre sur la paille deux maris, d'en enterrer deux, de sauter en parachute, de marier un couple habillé en Elvis Presley à Las Vegas et j'en passe. Sa nouvelle lubie est d'être arrière grand mère avant de mourir et elle trouve que 28 ans est un âge parfait. J'ai déjà rencontré trois petites filles de ses plus proches amies, je vais mourir.