ANTONIN MESSEULIER ► the road I walk is paved with gold

Nom de famille et prénom; Chez les Messeulier, la tradition demeure plus vive que chez n'importe quelle autre famille un peu friquée de Paname intra-muros. Si bien qu'en plus d'être le porteur d'un nom prestigieux, Antonin s'est vu affublé du prénom de son arrière-grand-père, d'un grand-oncle lointain et enfin, de son propre parrain, meilleur ami de feu son père. Tout est interconnecté quand on veut plaire à la famille. Chez eux l'identité se construit par enchevêtrement de prénoms, eux-même parvenus d'ailleurs. Âge; 23. Les années passent, s'installent, pressent ses épaules maigres, avachies sous le poids des responsabilités dont il héritera un jour. Il n'aurait jamais pensé qu'il y serait cloué si tôt. Date et lieu de naissance; Un clinique privée de Boulogne-Billancourt, le 1er Mai 1994. Un joli petit brin de muguet qui rejoint la plèbe des bourgeois.  Nationalité et origine(s); Purement français, pas une goutte de métissage dépassant l'héxagone ne coule dans ses veines.    Les amours; Elle est jolie, Olympe. Encore heureux. Ce n'est pas lui qui l'a choisi, le destin les a fait se croiser sur un rallye le jour de ses dix-huit ans. Depuis, l'ascendance parentale a joué de mots doux pour les lier, bien que les sentiments ne naissent pas. La flamme est soufflée pour le bien des deux clans. Allier les enfants, c'est promettre de beaux petits. On traite les gosses comme des bêtes d'élevage, à savoir qui gagnera le concours d'acrobaties. Toutefois, Anto, il s'en fiche. Ce ne sont pas ces fiançailles factices qui l'empêchent de regarder quiconque passe à la portée de ses leèvres. La famille; Les Messeulier. Mes. Seu. Lier. Trois syllabes qui résonnent dans le tout Paris comme une promesse de noblesse construite à la force des poings et de la sueur. Maxence était un empereur parmi les siens. Le sourire aux aguets et les billets fourrés aux poches comme autant de promesses de jours heureux, confortables. Muriel, elle, provenait du même milieu. Femme imposante, fille Loiseau, la séduction se transforma en mariage d'amour étiolé par les années. Naquirent cependant deux reliquats, choyés, protégés : Antonin le premier, le garçon, à la tâche rude d'exhiber le pouvoir familial. Puis Solange, seul ange, la douce, la petite sœur dont il se sent terriblement proche depuis quelques temps. Le deuil d'un père imbécile, ça rapproche. Les amis; Ca s'amuse entre fils et filles de bourges. Il n'a fréquenté qu'un peuple porteur de polos Lacoste et de souliers Louboutin depuis sa plus tendre enfance, et bien qu'il ne puisse en qualifier que bien peu de véritables amis, il ne voit pas pourquoi il changerait de milieu relationnel. Les emmerdes; Les billets lui servent de serviette pour manger proprement son burger de luxe. Pas de quoi s'inquiéter. Et sinon, Paris c'est quoi pour toi ? Paris, c'est la seconde mère, Paris, il n'y voit que ce tableau idyllique peint par les romantiques de siècles oubliés. Paris, c'est un cocon doux et tendre où ne règne qu'un bonheur parfait, pour peu que le prix soit de mise. Il n'y peut pas grand-chose. On plaça des oeillères si tôt sur ses pauvres yeux de petit garçon qu'il n'a jamais daigné les retirer. Elles l'ont englobé, ont fait de lui un être conscient de ses privilèges et qui en abusent. Une tête à couper lors de la Révolution. Pourtant il la voit, la misère. Elle s'expose violemment, suinte par les pores de sa capitale chérie. Il le voit, ce clochard qui ne quémande rien d'autre qu'un morceau de pain. Il le voit, Antonin. Mais il change de trottoir, le col rabattu de son manteau hors de prix, traçant sa propre route. D'ailleurs, pourquoi t'y vas ? L'habitude, l'amour d'un terrain qui ne changera pas. Bien qu'au sein même de sa famille, toutes les digues ont été ébranlées, il s'efforce de ne pas flancher. La colère l'anime, l'honneur aussi, la honte est au placard. Plus que jamais, c'est en se battant pour les apparences qu'il s'exposera au danger de les perdre. Groupe; Uber.