NINA DELACROIX ▸ Josephine Skriver

Nom de famille et prénom;Nina, quatre pauvres lettres gribouillés sur un bout de papier. C'était la seule exigence qu'à soufflé ta mère avant de partir. Simple, léger, le prénom qui passe partout autant que ta gueule de petite bourge. Delacroix, le nom de famille de papa, le nom qui donne un avant goût de ta classe sociale. T'aime pas ce putain de nom que tu portes toi, t'aime pas tout ce qu'il engendre, alors, souvent tu t'fait passer pour quelqu'un d'autre. Âge; Vingt-trois années que tu traines ta carcasse dans ce monde que t'as trop de mal à comprendre. Que t'essaye de t'endurcir mais en vain. Alors c'est vingt-trois années que tu passes à te chercher sans jamais vraiment te trouver. Date et lieu de naissance; Toi t'es née loin de Paris et de ses regards froids, glacials. De ce ciel gris, des visages arrogants et des hauts talons qui claquent contre le bitume. T'es de ceux qui aiment parler fort, qui ont une passion particulière pour le pastis et pour qui l'OM représente presque toute leur vie. Tu viens de Marseille, là où le soleil brille, où les sourires réchauffent les cœurs, où les kalashnikov tournent plus vite qu'une pute dans une cave. T'es née le 16 Mars 1993. Nationalité et origine(s); Toi t'es de nationalité française, le truc basique. T'as aussi des origines corse du côté de ta mère et sicilienne du côté de ton père. Imaginez un peu le cocktail molotov familial. Toi, tu t'en tape de l'un et de l'autre. T'as jamais mis les pieds en Italie, tu connais encore le goût des plages Corse où tu allais quand t'était plus petite.     Les amours; L'amour. Une énigme pour toi, t'as jamais su ce que c'était, t'as jamais eu le coeur qui fait BOOM BOOM, ni les étoiles dans les yeux, ni le genre de frisson qu'on cite dans les romans. T'as jamais rien ressentit de tout ça, t'as toujours était ce coeur froid et solitaire que personne n'a pu percer. Pourtant au fond, une petite voix te dit que t'aimerais vivre ça, les papillons dans le ventre et tout le bordel mais t'as trop peur. Pas assez courageuse pour faire connaissance avec ce sentiment. Alors t'es volage, tu piques, tu séduis, tu fais rêver sans jamais te laisser brûler. Tu pars avant l'heure fatidique, avant que tout te tombe dessus sans que tu puisses comprendre. Pourtant y'a bien ce mec. Ce mec néfaste, nocif qui te fait tourner la tête autant qu'un bon spliff, ce mec qui hante tes nuits sans jamais les trouver. Il est beau bordel, putain de beau, ça en est dangereux. La famille;T'as plus la notion du mot "famille" depuis que t'as croisé la tombe de ta mère. Depuis que t'as dû la foutre sous terre, vous avez foutus le lien familial avec. Un père absent, jamais présent, son boulot plus important que sa seule fille. C'est là-bas qu'il a trouvé le réconfort ou p'têtre dans les bras de sa secrétaire. T'en sais trop rien, tu veux pas savoir parce que rien que d'y penser ça te donne la gerbe. Tu t'sens seule, même la compagnie de ton clébard ne suffisait plus. Alors, t'as prit un billet de train, direction la Gare de Lyon là où habite ta tante. Elle ressemble à ta mère, t'as l'impression de la revoir dans ses sourires, de t'accrocher à des souvenirs qui deviennent de plus en plus lointain.   Les amis; T'es pas de ceux qui ont des tonnes d'amis, tu fais pas partie de cette catégorie là parce que peu de monde arrive à te supporter. T'es une princesse du ghetto qui veut faire la caïd avec une couronne sur la tête. T'as ta petite team que t'as rencontré en arrivant ici, les seuls personnes que tu peux plus ou moins compter dans tes amis. Ouais, même s'ils te tirent vers le bas, même si leur compagnie est endiablée, c'est auprès d'eux que tu t'sent toi-même. Le reste, sonne faux, des connaissances par-ci par-là, du monde que tu juges sans intérêt. Tout ce qui ne se ramène pas à toi est sans intérêt. Les emmerdes; T'as jamais eu de problème de ce côté là, papa a toujours fait en sorte de gâter ton compte en banque. C'est sa façon à lui d'être présent, de jouer son rôle paternel comme il peut. T'es une petite bourge, pété d'thune qui n'a jamais manqué de rien et qui n'a jamais été obligé de bosser pour sentir l'odeur des billets. Tu taff quand même quand t'as envie en boite, parce que ça t'fait kiffer. Et sinon, Paris c'est quoi pour toi ? Tu t'en tape. C'est juste la ville où t'as trouvé le peu de famille qu'il te reste. Un peu de ta mère. Tu sais aussi que t'y fera pas long feu, parce que t'es trop volage pour rester à un endroit fixe. Paris c'est juste le début de ta vie de vagabonde.D'ailleurs, pourquoi t'y vas ? Rester près de ce qu'il reste de ta mère. Fuyant ses cendres et cette tombe infernal que tu ne supporte plus. Tu veux terminer tes études ici avant de te barrer encore plus loin. Quand tu seras prête, quand tu voudras tout quitter pour de bon. Groupe; piéton.