JONATHAN XANTHOPOULOS▸ Adin Taylor

T'es né et t'as toujours vécu à Paris. En vrai, tu es né dans un hôpital dans la ville, tu sais plus lequel c'est, mais tu te souviens que c'était le sept juillet quatre-vingt-onze et que c'était à quatorze heures trente-six. Dis donc, t'étais pas pressé, contrairement à maintenant. Quoiqu'à voir ta gueule le matin, tu dois pas aimer te lever tôt. Bref, t'as eu un père présent dès le début, il t'a vu juste après ta mère, il t'a pris dans ses bras et il a commencé à te parler de ta famille, des oncles, des tantes, d'un peu toute la famille et que t'aurais plein de cousins. Déjà à l'époque, c'est fou, mais la famille était grande.
T'as eu une petite enfance normale, ta mère a pris ses congés pour s'occuper de toi, le fils ingrat (hein), puis ensuite c'est ta sœur qui a veillé sur toi en se disant que « c'est bizarre mais il est moche et ridé », ou alors que « il a un truc chelou, moi j'ai pas ça ». Toi, tu t'en foutais, tu dormais, tu mangeais, t'avais tes cadeaux à ton anniversaire et à Noël, mais sans plus. D'ailleurs, toi, à ton tour, tu t'es occupé de ton petit frère, celui qui a volé ta place.

A l'école, t'étais un bon élève, studieux. T'as pas eu de mal à avoir des bonnes notes, limite c'était inné. Même si ta sœur elle t'aidait bien, hein ? T'as grandi, t'as eu des amourettes, mais t'étais toujours dans la même boucle, à Paris. Du coup, toutes tes années de collège et tes deux premières années de lycée, t'es allé en vacances d'été en Grèce, ou en Belgique voir différentes parties de la famille. Puis la vie a suivi son chemin, t'as fait tes études et t'as coupé contact avec ta sœur et ton frère, eux ils sont partis ailleurs en France d'ailleurs. Tu as fait ta vie, jusqu'à ce que tu te retrouves avec le gosse sur les bras. En fait, un beau matin, on a toqué. T'as enfilé ton peignoir par dessus ton pyjama et elle était là. Ton ex, ça ne remontait qu'à quelques mois, en vrai elle t'avait lâchée juste après t'avoir dit qu'elle était enceinte, pour un autre mec (tu l'avais un peu suivie sur les réseaux sociaux). Puis ben, elle devait continuer ses études donc voilà, cadeau, un bébé parce que lui tu avais bientôt fini tes études. C'était en juin deux-mille-seize, il avait à peine quelques semaines ton bébé, toi t'avais vingt-quatre piges, presque vingt-cinq. Et t'étais papa.

01 || PARENTS – Tes parents et toi, c'est pas l'amour fou, tu les aime bien, mais certaine fois, t'aimerais qu'ils te lâchent. Il n'empêche qu'avec ton gosse, tu devrais te pointer et leur demander des conseils. Ils vivent sur Paris mais tu va les voir à Noël, au nouvel an, pour leurs anniversaires et pour ton anniversaire, sinon tu passe un coup de téléphone environ toutes les deux semaines (enfin c'est eux qui t'appellent). 02 || FRÈRE/SŒUR – Ils sont partis pour des études. Ta sœur, elle a trente piges maintenant, elle est entrée dans la vie active depuis quelques temps, tu sais pas dans quoi, mais en tous cas ça fait presque dix piges voir un peu plus qu'elle est partie pour ses études et sa vie. Apparemment (enfin, d'après les dîner de famille de fin d'année), elle est mariée, mais elle a pas encore de gosses (enfin, tu sais plus trop, t'es trop occupé ces derniers temps, t'es même pas allé au repas de Noël !). Ton frère, il a cinq piges de moins que toi, soit vingt ans. Il est encore près de Paris, mais il fait ses études ou il bosse, t'en sais rien, mais tu lui parle plus (vous avez jamais été fusionnels). C'est des membres de ta famille donc tu les aime quand même, mais de loin. 03 || FAMILLE - Tu les a vu quand tu allais en Grèce ou en Belgique, l'été. Qui ? Tes cousins, tes oncles, tes tantes, ta grand-mère, les ''vieux''. Tu blaguais bien avec tes cousins, puis tes oncles et tes tantes, ils changeaient des parisiens au cul serré que tu côtoyais tout le temps. Ils étaient pas tous comme ça, tes potes parisiens, mais au moins dans ta famille, ça rigolait, ça se pressait pas trop et ça parlait beaucoup. Toi, t'avais pas honte, en vérité t'apprécies bien ça, cette joie etc. Du coup, tu as hâte, comme chaque été, de passer deux semaines là-bas (une semaine en Grèce, une en Belgique, si t'as le budget). 04 || ENFANT – Et oui, tu as un gosse. Tu as un fils, oui, parce qu'on a jamais dit son sexe avant. A vrai dire, elle t'a juste dit (ton ex, banane), que c'était un garçon né fin mai (le vingt-sept mai), qu'il s'appelait Théo et qu'il était de toi et à toi. Là, elle t'a dit bye-bye, te laissant quelques affaires. Tu en as bavé au début. Préparer les bons biberons, changer les couches (la première fois… tu as failli avoir une crise cardiaque), l'endormir, essayer de dormir un peu quand il fait pas ses nuits… Maintenant, tu te débrouilles un peu mieux, mais tu es toujours un papa maladroit. Ah, d'ailleurs, du coup tu as un peu peur des gosses, tu les évite quand ils ont moins de douze ans, c'est un peu des démons pour toi, on dirait. 05 || SOIRÉES – Alors là, c'est tes meilleures potes, tes petites soirées. Avant, tu sortais tout le week-end (presque, fallait caler tes devoirs quand même), puis pendant les vacances tu ne faisais que ça. Tu buvais, tu fumais un peu, tu draguais la moindre jolie fille (en te faisant jeter très vite, ton charme une fois ivre n'était pas présent) et tu t'amusais. C'était bien, tu t'amusais. Sauf que maintenant, tu passe un week-end sur deux devant la télé, avec ton fils. Donc bref, tu t'ennuie un peu, ça te fait peur : est-ce que tu vieillis ? La trentaine approche, puis dans à peine vingt-cinq ans, c'est la cinquantaine… 06 || ÂGE, TEMPS – Le temps, tu le fuis depuis toujours. Tu cramais ta vie par les deux bouts, maintenant tu te méfie, tu freine des quatre fers à l'approche de ton anniversaire. Déjà le bébé (alors là ça t'a foutu un coup), puis le fait de moins sortir, la peur de perdre tes amis, le boulot, la routine qui commence à s'installer. Qu'est-ce que ce sera quand tu te marieras ? 07 || ALCOOL ET DROGUE – C'est important d'en passer par là. Tu aimes bien boire, fumer. Une petite bière en terrasse, un petit verre, mais pas beaucoup plus (sauf en soirée, en soirée il n'y a plus de limites pour toi). Tu fumes une cigarette quand on te dit que tu devrais parce que t'es stressé, en soirée ou parce que t'es avec des gens qui fument, que ça te titille. Mais t'as pas envie de te défoncer les poumons, donc tu limites le plus possible, mais c'est dur. Eh oui, ça peut vite tourner à l'addiction et là, t'es foutu. Sinon, la drogue du style cocaïne ou quoi, bah en vrai tu n'y as pas touché. Jamais. 08 || ANIMAUX – Quand t'étais gosse, on te refilais toujours l'animal, la mascotte de la classe, ou dès qu'en SVT on avait des animaux ou des insectes à garder, t'étais le premier à te proposer. En vrai, t'aurais aimé être vétérinaire, mais c'était trop long, t'as pas vraiment accroché au monde. Mais t'as fait un métier disons ''de la santé''. Tu adores les animaux, tu aimerais avoir un chien ou un chat, mais tu trouves qu'un bébé ça fait bien le taff au final. 09 || MÉTIER – Alors là, petit tu voulais être pompier, puis biologiste, puis médecin, puis vétérinaire. Tu as fini par aimer tout ce qui était médecine. Mais tu n'as pas voulu avoir des études très longue. Pourtant, t'étais doué. Non, tu as voulu pouvoir travailler vite, sûrement pour pouvoir faire la fête, hein ? Du coup tu as cherché, puis tu as trouvé : Pharmacien. Tu as commencé, ça te bassinais, tu voulais en finir avec tes études et au plus vite. Tu as bossé un minimum pour réussir les concours. Tu as réussi et tu es maintenant Pharmacien. Tu as pris le cursus cours, pour bosser vite fait (de toute façon avec Théo sur les bras, bah tu peux que bosser pour vous faire vivre). 10 || LA VIE A PARIS – Avant, tu étais le petit intello à qui on piquait son vélo au coin de la rue, celui qui perdait mystérieusement ses lacets ou son goûter. Tu avais peur de ''la rue'', tu avais envie d'une vie bourgeoise loin de tout cela. Maintenant, tu as envie de connaître les gens de la rue. Tu vas aider un peu les sans abris, à vrai dire tu donne deux-trois pièces, un plaid et tu leur souris (c'est un peu le maximum que tu puisses faire avec ton budget). Tu ne les connais pas vraiment, tu sais juste qu'ils veulent souvent aller à Monaco. Tu essaies d'éviter les dealer ou toutes les ''mauvaises'' personnes de la rue, mais un jour tu seras attrapé par ce monde. Sinon, tu côtoies vraiment souvent les bourgeois, dans la petite Pharmacie qui t'embauche. Pas des star, mais des gens qui viennent acheter tout un stock de médicaments pour l'année, des hypocondriaques ou des gens au retour des soirées un peu arrosées. Les filles avec leur pilule du lendemain, tu les as vue, elles avaient l'air pleine de honte, mais tu t'en voulais un peu, parce que tu avais peut-être causé, un jour, cette honte et cette gêne. 11 || LE SPORT – Le sport, qu'est-ce que c'est que cette daube encore ? Eh bien, c'est vrai qu'au début de tes études, tu t'étais payé un abonnement à la salle de musculation, tu faisais un footing chaque jour, tu mangeais sain et équilibré. Maintenant, tu as arrêté, tu fais de temps en temps du foot, du basket ou du volley, mais tu bouffes mal. Faudrait commencer un régime d'ailleurs, les bourrelets commencent à apparaître. Tu vois, tu serais allé à Rosny, au lieu de Saint-Denis, t'aurais eu des endroits pour faire du sport tranquille. Mais non, t'as préféré Saint-Denis "parce que là-bas les gens sont cool". Et parce que c'était pas cher ('fin à Rosny aussi, je te dirais, mais bon, t'as fais ton caprice interne). 12 || ALIMENTATION – Tu bouffes de tout, surtout de la ''junk food''. Burgers, hamburgers, pizzas, tu n'hésites pas à tabler sur des choses bien grasses. La plus part du temps, chez toi, tu bouffes tu pain aux olives, des pâtes et de temps en temps de la viande ou du poisson avec des conserves (style haricots verts ou petits pois), quand c'est en promo'. Du coup, c'est très déséquilibré, ton régime alimentaire c'est un bordel total. A part ça, tu aimes beaucoup les boissons gazeuses.