001; Jason, t’as grandi dans les rues de Paris. Enfant abandonné par une mère anonyme, tu n’as pas été adopté à la naissance et tu fus confié à un orphelinat. Malheureusement avec les années t’es devenu trop grand pour qu’une famille s’intéresse réellement à toi alors plutôt que de te trouver un véritable foyer les services sociaux te plaçaient chez des couples qui n’avaient que pour intention de toucher le fric que tu leur rapporterais. Ceux-là tu les as fuis comme la peste. Ta première fugue remonte à tes sept ans, où t’as commencé à te rendre compte que ta place n’appartenait qu’à la rue.
002; Dès lors t’as appris à te débrouiller par toi-même, côtoyant la solitude jusqu’à ce que ton éducateur te retrouve et te confie à quelqu’un d’autre. C’était un chic type, pourtant il n’a jamais réussi à te faire apprécier la vie en communauté. T’étais trop sauvage pour ça à l’époque.
003; Ce n’est qu’à l’âge de quatorze ans que tu parviens enfin à te poser réellement et ce grâce à Diane. Tu l’as rencontrée en trainant dans son quartier pour observer les grandes maisons bourgeoises, le genre de rencontre improbable à La belle et le clochard. C’était une journée d’hiver et sans elle ou ses sœurs pour t’héberger clandestinement chez elles pendant plusieurs semaines tu ne serais certainement pas en vie à l’heure actuelle. Lorsque les parents Rivière finirent par découvrir la vérité tu t’imaginais déjà être chassé à coups de pelle, mais malgré le savon qu’ils passèrent à leurs filles ils décidèrent de te garder chez eux. T’as mis un moment avant de trouver tes marques, t’as même essayé de te barrer en douce plusieurs fois mais il y avait toujours quelqu’un pour te convaincre de rester jusqu’à ce qu’ils rendent cette situation légale en t’adoptant. Et pour ça tu les considéreras toujours comme ta vraie famille, celle qui t’a choisie.
004; Avoir vécu dans la rue pendant plusieurs années t’a marqué à vie. Outre les mauvaises habitudes comme par exemple le vol de portefeuille dans les avenues bondées de la capitale, ça a forgé ton caractère. Bien que le fait de faire partie d’une famille t’a apaisé tu restes toujours ce gamin sur ses gardes, ce petit con qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a tendance à utiliser ses poings pour attaque plus que pour se défendre, celui qui se livre difficilement et préfère repousser les autres par peur de se faire lui-même repousser par les autres. T’es peut-être plus confiant et raisonnable désormais mais cette partie de toi ne s’effacera probablement jamais.
005; Toutefois t’as développé d’autres habitudes à force de côtoyer le luxe des beaux quartiers de Paris. T’apprécies ton petit confort, tes vêtements de marque, ta voiture vintage outrageusement chère. Aujourd’hui tu aurais du mal à laisser tout ça derrière toi, toutefois tu n’en oublies pas le chemin que tu as parcouru pour en arriver là et tout ce que tu dépenses pour toi t’es prêt à en dépenser autant pour les plus démunis.
006; Véritable accroc au shopping, tu peux dépenser sans compter pour des fringues malgré la capacité limité de ton dressing. Et avec quatre sœurs oblige un sens de la mode qui s’est bien développé depuis l’époque où tu portais encore de vieux joggings troués.
007; Tu vois un psy régulièrement. Quand t’es arrivé chez les Rivière la démarcation avec ton ancienne vie de bohème s’est traduite par des terreurs nocturnes qui ne t’ont jamais quitté depuis. Selon lui ça s’apparente à un stress post-traumatique, ça va et vient selon ton état d’esprit : dans le meilleur des cas où tout va bien tu te réveilles simplement en sueur après un énième cauchemar, dans le pire des cas ton subconscient prend le dessus sur ton corps et dans ce cas-là vaut mieux pas être dans le même lit que toi.
008; Amoureux des arts en tout genre, cette passion a commencé avec la musique le jour où t’as volé une guitare non sans difficulté. C’est ton éducateur qui t’a appris à en jouer et tu as continué à t’améliorer avec un véritable professeur payé par tes parents adoptifs. C’était l’une des rares choses auxquelles tu pouvais te raccrocher à l’époque – même après ton arrivée chez les Rivière où tu piquais en douce le lecteur mp3 de Daphné ou de Diane pour te couper du monde – et ça ne t’a jamais quitté si bien que tu as fini par te diriger vers ce milieu non pas en tant qu’artiste, mais dans le domaine de la production.
009; T’es pour l’instant qu’un simple assistant de direction artistique, depuis bien trop longtemps maintenant. Ton patron est le genre de gars insupportable que t’as envie de cogner à chaque fois qu’il ouvre la bouche mais jusqu’ici tu es toujours parvenu à contrôler ton impulsivité grâce à la promesse de pouvoir bientôt être son égal en tant que co-directeur artistique. Dès fois tu regrettes de ne pas avoir toi-même décidé de te lancer dans une carrière de musicien : guitare, piano, table de mixage… Sans parler de tes très nombreuses influences musicales t’as plusieurs cordes à ton arc. Néanmoins ça a quand même des avantages entre le réseau que tu t’es formé depuis ton arrivée au label, les soirées branchées toujours l’excès, les concerts ou les festivals pour lesquels tu parviens à avoir des invitations VIP. Ça te permet de voyager, que ce soit en France, en Europe ou même aux États-Unis et ça c’est loin d’être négligeable.
010; Tu t’intéresses non seulement à la peinture mais aussi à d’autres formes d’art notamment au dessin et surtout au graffiti. T’as toi-même dessiné le tatouage que tu abordes au bras droit et les bombes de peintures quant à elles n’ont aucun secret pour toi, plusieurs bâtiments de Paris portent d’ailleurs ta signature – JAZ – sur leurs murs colorés, tout comme le plus grand mur de ton loft, autrefois un ancien atelier que t’as acheté à bas prix et entièrement retapé.
011; Comme chaque enfant Rivière tu n’as pas non plus échappé aux études strictes malgré tes nombreuses lacunes, mais surtout à la règle établissant au moins un sport en dehors des activités scolaires. T’as pratiqué le football – grâce auquel tu as petit à petit appris à œuvrer en équipe et plus globalement en communauté – le basketball et la boxe mais il n’y a que cette dernière que tu pratiques encore pour te défouler.
012; Retrouver ta mère biologique a toujours été un but que tu t’es efforcé de poursuivre durant ton adolescence. Bien que tu te sois trouvé une famille, tu as encore beaucoup de questions qui restent sans réponses et que tu aimerais poser. Malheureusement tu as fini par l’oublier et ce n’est devenu qu’une pensée comme une autre au fil du temps.
013; T’as jamais connu l’amour et honnêtement c’est pas ta priorité. La vie t’a trop ravagé pour ça, tu ne saurais pas comment faire confiance à quelqu’un. T’es trop habitué à prendre la fuite alors tu doutes toi-même d’être digne de confiance. Tu as essayé quelques fois, certes tu n’appellerais pas ça de vraies relations mais t’as quand même fait de ton mieux et ça ne s’est jamais bien terminé.