NAYLA HOAREAU ▸ Ste Bertram Rose

(1) T'es la cadette d'une fratrie composée de quatre garçons. T'as toujours été un peu garçon manqué sur les bords. Petite, t'es plus souvent rentrée chez toi pleine de bleus, que t'as joué à la poupée. En grandissant, t'as commencé à plaire. Tu as toujours été bien formée. Alors t'es devenue de plus en plus coquette, parce que t'adorais ça, te faire remarquer. Tu t'es très vite jetée dans les bras du premier ersatz d'Apollon qui te portait de l'attention. Des bras dans lesquels tu recherchais quelque chose que tu n'as jamais trouvé. Le reconfort. C'était comme si tu cherchais à combler un certain vide. (2) Il ne faut pas te chercher Nayla. T'es pas le genre de fille qu'on peut amadoué. Caractère bien trempé. Reine de la rhétorique et des répliques qui piquent. T'es indomptable. Et tu ne supportes pas qu'on laisse entendre le contraire. (3) Intimidante, jamais intimidée. Perchée sur des Louboutins de quatorze centimètres, Cosmo à la main, t'es cette fille qui est toujours là où il faut être avec une demi-heure de retard. Et le moins que l'on puisse dire est que ton entrée se fait toujours remarquer. Tu as ce petit je ne sais quoi qui fait que tous les yeux sont toujours braqués sur toi que ce soit par admiration, par jalousie ou par mépris. Tout le monde à quelque chose à redire sur toi, que ce soit positif ou négatif. Tu ne laisses personne indifférent. (4) Les hommes, tu les rends fous. Que ce soit grâce à ton visage de poupée, à tes yeux de biche ou encore à ta silhouette de déesse. Tu sais les apprivoiser. (5) Tu viens d'en bas, mais tu arbores cette prestance caractéristique de ceux qui n'ont peur de rien, qui veulent tout conquérir, quitte à brûler les étapes. Tu n'en a que faire de ce qui se dit sur toi. Tu te fiches qu'on te traite d’arriviste ou d’opportuniste. Toi tu rêves de strass et de paillettes, et ton rêve tu es en train de le toucher du bout des doigts avec ce contrat que tu viens de décrocher. (6) Le mannequinat, ce n'est pas ta passion. Tu ne comprends pas comment on peut être passionnée par le fait de devoir marcher droit sur un catwalk et ne rien avaler pendant la fashion week. Pour toi, c'est un métier comme un autre, un métier qui te permet de gravir les échelons et de hisser ton niveau social. T'as vite su que ce ne serait pas grâce à tes études que tu allais réussir, alors tu as du te trouver un autre moyen. (7) Dire que tu n'as jamais eu de rêve ou de passion, reviendrait mentir. Ado, t'étais danseuse. Tu touchais à un peu près tous les styles de danse. Classique, contemporaine, hip-hop et même orientale. Sauf que t'es arrogante, Nayla. Tu croyais pouvoir réussir une figure qui nécessitait des heures d'entrainement... et tu t'es vautrée. Mauvaise chute. Plus de danse pour toi. (8) Tu entretiens une relation plus ou moins conflictuelle avec ton père. Le fait est qu'il est convaincu que si tu n'étais pas venue au monde, il n'aurait pas perdu son âme sœur. Il te l'a dit un soir, alors que tu avais huit ans et qu'il rentrait totalement ivre en pleine nuit. Ça a brisé ton petit cœur. C'est quelque chose que tu n'as jamais oublié. (9) Tu sors tous les soirs. Pour meubler tes discussions du lendemain. Tes nuits ne sont pas forcément plus belles que tes jours. Tu tentes juste d’épurer tes angoisses et tes doutes. De la catharsis bas de gamme entre volutes de fumée et vodka diluée. Tu connais la désolation sordide des boîtes de nuit, tu la portes dans ton sourire figé. Et pourtant, ne sachant où aller, tu y vas. Pas en quête de sens. Juste pour la forme. Quant au fond, à quoi bon ? La musique est de toute façon trop forte pour s’entendre, peu importe ce qu’on a à dire. (10) Ce n’est pas tant que tu adores sortir. Ton problème est que tu ne sais pas dormir. Tu fais de l'insomnie depuis tes quinze ans, alors tu assommes avant d'atérir dans les lits des autres. (11) T'es accro à la nicotine et à la caféine. Avant, tu abusais du chocolat également. Mais tu n'y as plus droit depuis que tu es égérie. (12) Tu bois modérément et tu ne touches qu'à la drogue douce. C'est très rare dans le milieu où tu es. C'est la coke et le speed qui régissent la vie de toutes les personnes avec qui tu sors. Toi, tu trouves ça pathétique, de perdre sa dignité à chaque fin de soirée en vomissant sur un trottoir. Et surtout, tu ne veux pas ressembler à ton vieux.