2 ans. : Je suis un petit ange. Selon ma famille, je suis promu à un avenir brillant. Chirurgien ou quelque chose dans ce genre-là. Enfin on veut surtout se donner bonne figure. Je suis le dernier d’une fratrie de trois. Un grand frère et une grande sœur. Il paraît aussi que je suis un bambin tout à fait adorable. J’étais d’ailleurs le jouet adoré de mon frère et de ma sœur qui adorait s’occuper de moi quand ça les prenait, avant de me larguer sans un regard en arrière. Dans la famille je ne manque de rien, jouet, habit, tout est neuf et changé régulièrement, mes parents aimaient bien montré leur richesse. Je ne m’en plaignais pas, j’avais toujours ce que je voulais sans même demander. Mais, je ne me sentais pas spécialement heureux, j’ai commencé à montré, à l’âge d’un an et demi, un certain renfermement sur ma personne, il me manquait quelque chose, mais je ne savais pas trop quoi, j’étais trop petit pour comprendre que les carences affectives, telles qu’elles soient, pouvaient affecter un bébé.
10 ans. : j’ai appris à lire de manière précoce. Dès que j’ai su tenir un livre en main, je m’y suis refugié corps et âmes. La lecture pour moi m’offrait tout ce que mes parents ne savaient m’offrir. Dès que j’avais un moment de libre, on me voyait traîner avec un bouquin dans les mains. Au grand dam de mes parents qui désespéraient de m’offrir quelque chose de nouveau, que personne n’avait. Mais je ne jouais pas, je préféré avoir le nez plongé dans un livre, assis sur mon lit. J’avais compris depuis longtemps que je ne pouvais pas espérer plus que des attentions matérielles de mes parents, même si une relation un peu plus construite se développait avec mon père. Ma mère était trop centrée sur son apparence que je devais simplement me contenter de cadeaux qui ne me plaisaient pas. J’étais assez renfermé sur moi-même, je n’avais pas beaucoup d’amis à l’école, mais c’était loin de me déranger.
15 ans : déménagement à Biarritz. Dans une belle villa, tout ce qu’il y a de plus clinquant. J’étais un ado rebelle, je mettais des jeans, ce que ma mère détestait car elle trouvait que ça faisait trop racaille, et surtout pas bourgeois comme eux. Je me rebiffais en refusant d’aller aux célébrations religieuse. Car j’ai oublié de préciser que mes parents étaient de fervent catholiques, plutôt du genre traditionnel. Toute forme d’autorité parentale je la refusais. J’estimais que mes parents, ne s’occupait pas vraiment de moi quand leurs apparences n’étaient pas en jeu et qu’ils avaient donc ainsi perdu tout droit sur ma personne. Je n’étais pas vraiment méchant au fond, mais je savais désormais m’occuper de moi-même, ils n’avaient plus le droit de régenter ma vie selon leurs visions, qui ne me correspondaient pas du tout. Je n’étais plus le petit adorable, mais l’adolescent rebutant, que l’on ne veut surtout pas voir aux diners d’affaires et autre. La relation avec mon frère et ma sœur se sont fortement dégradées, on n’avait vraiment aucun point commun entre nous.
16 ans : Je suis gay. C’est un fait que personne ne pourra changer. Au grand désespoir de mes parents, qui avaient déjà tenter de me présenter des jeunes filles, tout ce qu’il y a de jolies, bien sûr, mais elles me laissaient de marbre. Les poitrines mâles, par contre, faisaient palpiter mon cœur. Ma mère n’a jamais accepté mon homosexualité, et probablement le fait que je n’acceptais pas de me conformer à leur idée de la normalité. Le même soir je me retrouve à la rue, ma mère refusant d’héberger un enfant du diable, comme elle m’appelait désormais. Je ne lui ai plus jamais parlé depuis ce soir-là. J’ai encore quelques contacts avec mon père, mais c’est assez rare, et plus aucun lien avec mon frère et ma sœur. C’est dans cette même période que je rencontre Elias, un jeune qui était dans ma classe en première. C’était ma première histoire d’amour et j’y croyais dur comme fer. Mais, pour lui, je n’étais qu’une expérience de plus, qu’un pauvre naïf qui s’est fait lamentablement avoir. C’est au bout de quatre mois que j’ai découvert qu’il fréquentait un autre gars. La désillusion totale. Mais j’étais seul pour surmonter tout ça. Je vivais dans un foyer pour jeunes, je n’étais pas malheureux mais je n’avais pas franchement d’amis, à part mes livres.
17 ans et demi. : seconde histoire, et, en grand sentimental, j’ai plongé de nouveau corps et âme dans cette histoire qui s’est vite dévoilée toxique. Oh, il ne me trompait pas, j’étais sûr de ce côté-là. Mais, il arrivait parfois qu’il est la boisson facile dans les soirées, et dans ce cas, sa main pouvait se faire lourde. Mais, étrangement je ne partais pas peut-être parce que je croyais qu’il m’aimait, peut-être parce que je n’avais pas une vraie notion de ce qu’était l’amour. Mais, un an plus tard, Matthieu, de son prénom, a décidé de me laisser, comme une vieille chaussette usagée. J’en ai souffert, et j’ai commencé à me méfier des histoires d’amour, préférant rester célibataire et plonger dans les romances à travers les libres.
22 ans. : Cinq ans ont passé et beaucoup de changement. Je suis désormais en couple, étonnant moi qui disait préférer rester célibataire. Mais j’avais posé les yeux sur Oli. L’évidence sous mes yeux. Ça serait lui et personne d’autre. J’en étais persuadé. Et même s’il a fallu de long mois avant que l’on ne s’adresse la parole, et pour un simple bonjour. On se croisait à la librairie où j’étais client régulier. Il a fallu encore plusieurs semaines et un drame pour que ça nous rapproche. Oli avait sombré dans l’enfer de la drogue et de la dépression. À force de recherche j’avais fini par le retrouver et prendre soin de lui. On s’était mis en couple, et même si tout n’était pas rose et quelque peu fragile, les sentiments étaient vraiment là, et j’avais confiance dans les sentiments d’Oli. Mais la maladie de sa sœur a eu raison de notre couple, laissant un vide phénoménal au creux de mon cœur. La déchéance de cette séparation a laissé un corps à l’état de zombie. Ce sont de longues semaines de désert où je survis plus que je ne vis. Mais on finit par se retrouver, parce que l’on a besoin de l’autre pour sa santé. Malgré tout le drame fauche encore Oli. Injustice totale. Je ne peux que l’épauler dans cette épreuve tout en me sentant impuissant. Je ne disais rien, je ne pouvais qu’observer silencieusement ta chute. Je me renfermais doucement sur moi-même. Personne n’était là pour voir cette déchéance, à part Oli, qui était trop pris par ses propres problèmes, et que je ne pouvais même pas aider.
Au milieu de tout ça, ma mère a refait surface. Comment elle a réussi je n’en sais rien, mais son argent a probablement aidé. En plus de ça, Oli avait disparu je ne sais où, montant mon inquiétude à son summum. La faiblesse dans laquelle j’étais plongé était un avantage pour ma mère. Elle s’en saisit pour tenter de me ramener du côté de la lumière, comme elle disait. Elle voulait que je quitte Oli, qui était toxique pour moi. Je n’ai pas voulu l’écouter, mais cela m’a encore fait plonger dans une tristesse infinie. J’avais juste trouver la force de rayer définitivement ma mère de ma vie, ainsi que tout ma famille. Je n’avais plus qu’Oli, qui venait de réapparaître, sortie de cure de désintoxication. Il m’avait fait ce cadeau, comme une lueur d’espoir à laquelle m’accrocher. Sur un coup de tête nous voilà parti à Paris, pour une nouvelle vie. Quitter un lourd passé pour aller de l’avant.