YURI ZHOVNYTSKA ▸ Niels Schneider

Nom de famille et prénom; Yuri est un choix banal en russie, un prénom comme un autre, des yuri il y en a des milliers, alors pourquoi se questionner ? Zhovnytska par contre c'est plus compliqué, parce qu'en france personne ne sait comment le prononcer. mais jamais le danseur n'oserait le changer, ce dernier vestige d'une enfance à la dure dans les terres glacées de la mère patrie. dernier cadeau d'une mère qui lui a tout offert, tout sacrifié, jusqu'à sa vie. la fierté mêlé de culpabilité, une courronne qui se fait fardeau dans le silence de la nuit. Âge; vingt-six années qui commencent à signer leur passage sur ce corps qui viellis trop vite. Date et lieu de naissance; le quatorze janviers 1990 par une matinée très froide, le gel avait même pris sur l'interieur des vitres de la petite ferme campagnarde perdue dans la toundra qui avait pendant des années abritée la famille zhovnytska. avec cette naissance, celle aussi de la honte, l'enfant sans père, la mère adolescente. Elle n'a rien fit, elle n'a jamais voulu dire. Elle est simplement partie, la douce petite maman, son môme sous le bras pour finir dans ce minuscule appartement de la banlieue de moscou. S'il n'y est pas né, c'est là que yuri a grandi. Nationalité et origine(s); les vents glacés qui roulent dans son accent, le regard perdu sur des forêt couvertes de neige, loin, loin là-bas. la russie dans toute sa splendeur, fière et dure, sauvage et austère, ivre et passionnée. Les amours; l'amour n'a pas sa place dans la passion. la passion le dévore pour n'en laisser que des os, et l'ombre d'un souvenir. yuri est hanté par les ombres de celles qu'il a sacifiées sur l'autel de sa passion. celle qu'il a laissées disparaitre pour mieux danser. pourtant il sait aimer, avec rage, douleur, colère, comme pour tout ce qu'il fait. yuri sait aimer, mais il ne sait pas le faire sans blessser. alors il n'aime plus, c'est plus facile à oublier. il aime au féminin, parce qu'il n'a jamais pensé ou cherché plus loin. il lui arrive aussi de s'enamourer quand il voit albrecht danser, mais ce n'est rien de concret. albrecht n'existe pas, seulement sur les plancher jusqu'à ce que le rideau s'éffondre laissant le duc retourner aux légendes et aux contes. La famille; la famille c'est un sujet délicat. un sujet que yuri ne soulève pas. un sujet qui le réveille la nuit et qui lui tord l'estomac. une maman-famille, une maman qui remplissait tous les rôle à la fois. un pillier, un pont, un toit, un coeur, des bras. Une femme forte et fière qui a tout donné pour le bonheur de son enfant, une femme qui a tout assumé seule, jusqu'au cancer, le mal du sciècle, qui lui a pris la santé puis la vie. Une mère a qui Yuri n'a jamais adieu, une mère qui le hante et le dévore sans jamais l'avoir souhaité. Les amis; il y a ceux d'avant, les fantomes, les souvenirs, ceux dont on n'entends jamais parler. Puis les plus récents, les découvertes, les inédits. Mais ceux-là non plus Yuri n'en parle pas, il ne parle pas de la vie des autres, parce que ça ne te regarde pas. Les emmerdes; yuri est danseur. un excellent danseur même. probablement l'un des meilleur de sa promotion, à l'académie du bolchoï. Alors pourquoi ne danse-t-il plus ? parce que personne ne veut  d'un égocentrique pareil dans sa troupe. Parce qu'il est sublîme dans ses solos, mais incapable de danser avec sa partenaire. Il ne sait pas l'écouter, encore moins l'observer et surtout pas la deviner. Alors il échoue, toujours un peu plus. Et petit à petit plus personne ne veut de lui. Malgrès son talent, malgrès ses inlassables entrainements. La fierté dévore même le plus  prometteur des hommes pour en faire un flacon vide de sens, ébrêché, pret à se briser. Mais quoi qu'il arrive, il faut bien manger. Alors Yuri joue les serveurs au Legacy, à l'heure où tous les chats sont gris. Et sinon, Paris c'est quoi pour toi ? Paris c'est la dernière chance, le dernier  saut avant le tombé de rideau. Le dernier éspoir de faire glisser ses chausson sur  le plancher d'un grand ballet. Parce qu'ici ils sont différent il parait. Parce qu'ici, on privilégie le talent, que la guerre se fait plus ardue, entre jalousie et rivalité. Parce que peut-être qu'ici, enfin, yuri pourra vraiment danser.  Et la ville est belle malgrès les mégots, l'odeur de pisse et les crottes de chiens. Paris, si différente de moscou et de sa russie. D'ailleurs, pourquoi t'y vas ? Parce qu'à Paris, il y a un opéra. Parce que dans cet opéra il y a un chorégraphe qui pourait être interressé par la brutalité  gracieuse d'un homme qui danse comme on se jetterais d'un pont. Groupe; les pietons, les arrivistes perdus dans les couloirs du métro bondés.