Elle était constellations. Elle était l'univers, les comètes et toutes les étoiles, elle était la lumière et le noir, le tout et le vide absolu –
l'absolu. De ses yeux s'effondraient les soleils, sur ses lèvres s'étirait l'éclat stellaire de millions de planètes. A ses pieds s'inclinait la Voie Lactée, de son ventre jusqu'à son cou s'ouvraient les galaxies. Et, quand ses lèvres s'étiraient, il jurait voir l'infini trembler.
Elle était astres et ruptures, elle était le néant et ses guerres s'exposaient en tableaux lunaires sur son corps. Quand son regard se posait sur elle, il osait à peine effleurer toutes les nuances qui peignaient ses bras. Il voyait noir bleu violet et pensait à tous les ciels, à toutes les nuits et les orages qu'elle abritait. Il voyait rouge et rose merveille et pensait aux couchers de soleils que la pluie aurait faits aquarelles, confuse de s'effondrer sur
elle.
Elle était la promiscuité de tout un cosmos, elle était l'explosion des plus belles nébuleuses – elle était le Céleste, celui qu'il n'aurait pas dû approcher, celui qui le tuerait.
Il était humain, ses mains n'avaient aucun talent, ses yeux ne brillaient que quand fatigue ou tristesse s'invitaient. Il était humain, celui du
désespérément humain, celui du
juste humain. Il ne portait rien d'autre que son corps – difficilement encore les jours les plus creux. L'art ne faisait pas partie de lui, sa tragédie non plus. Il ne vivait que sa vie. Il n'avait jamais pensé métaphores et rimes, il laissait musique et poésie aux magiciens et préférait manipuler chiffres et données.
Ce qu'il pouvait toucher, calculer, poser. Ce qui ne lui échappait pas à lui, homme dans son désespoir de n'être qu'homme.
Il rêvait humanité, il rêvait folie et océans.
Il rêvait de rêver au lieu de compter, il rêvait de rêver au lieu de rester.
Simple, léger, pire :
heureux, derrière son bureau, sur son canapé, dans la rue, dans ce qui pouvait s'expliquer.
Elle avait vu le calme du matin après l'orage, elle avait vu le silence d'une route déserte, la paix d'un ciel d'été. Elle l'avait vu et s'y était abritée.
Pour la nuit. Et tant pis pour la suite, et tant pis s'il en périssait. Sol, avec le matin, disparaissait.